Interview : Yannick Harrel, expert en cyberstratégie sur les Automobiles 3.0




Je connais Yannick Harrel depuis un certain temps. C'est un expert de grand renom qui m'a fait le plaisir aujourd'hui de répondre à quelques questions sur son dernier livre Automobile 3.0.

Q : Yannick Harrel, pouvez-vous vous présenter ?

R : Je suis expert et professeur en cyberstratégie, notamment pour le compte d’une Business & Finance School à Strasbourg. J’ai eu à intervenir lors de diverses conférences nationales et internationales sur la thématique des enjeux liés au numérique, comme par exemple lors des deux premières éditions du Forum Mondial de la Démocratie. Outre de nombreuses analyses parues dans des magazines, sites en ligne et ouvrages collectifs, je suis surtout l’auteur de deux travaux parus aux éditions Nuvis devenus depuis des références : La cyberstratégie russe et Cyberstratégies économiques et financières. Enfin je suis le taulier du blogue Cyberstratégie Est-Ouest depuis 2007 qui a souvent servi de brouillon numérique pour de plus amples recherches ultérieures.


Q : Parlez-nous de votre dernier ouvrage consacré aux automobiles du futur intitulé Automobiles 3.0 toujours chez Nuvis.

R : Il s’inscrit dans mon axe de recherche lié à la cyberstratégie en ce sens que les véhicules motorisés ont progressivement accueilli depuis les années 1990, et surtout inexorablement, l’électronique en leur sein. Cette évolution est toujours en cours, avec désormais de multiples facettes, tant dans le domaine routier que de la compétition. Certaines de ces introductions sont désormais devenues des normes standards lors de l’élaboration de nouveaux véhicules (songeons par exemple à l’ABS qui permet d’éviter qu’une automobile en phase prononcée de freinage devienne incontrôlable). On parle alors de diffusion descendante : ce sont les modèles de luxe qui introduisent ce type de novation pour ensuite atteindre les gammes inférieures au fil des années. Les années 2000 ont confirmé très nettement cette tendance et les années 2010 ont amorcé une voie vers un nouveau type de véhicule qui va faire appel à de nombreux prestataires spécialistes en ingénierie informatique.

Mon ouvrage évoque dès lors cette évolution où le véhicule n’est plus un outil passif, mais devient un objet connecté, une véritable interface entre l’environnement, le véhicule et le conducteur. Ce dernier acteur pourra même se muer en passager si l’ordinateur central estime que tout danger lié au passage de la délégation de conduite est absent.

Je traite tout autant du patrimoine automobile qui doit être préservé sur les nouveaux supports de communication et d’information que sont par exemple les musées virtuels ou les simulations automobiles. Car l’automobile c’est tout un écosystème complexe qui ne se résume pas qu’au bien matériel. Et la révolution du numérique accentue encore davantage cet état de fait en renforçant davantage l’aspect interactif.

Et bien évidemment je m’interroge sur l’avènement de l’intelligence artificielle au sein des véhicules, une problématique du libre arbitre du véhicule qui est gros de complications à venir.

Q : Est-ce un ouvrage technique ou généraliste ?

R : C’est un panorama de la situation actuelle, assorti de quelques projections quant aux évolutions probables d’ici l’horizon 2020. Et pour éviter que tout(e) lecteur(rice) soit perdu(e) en dépit de la volonté de limiter le jargon technique (soit du domaine de la mécanique, soit celui de l’informatique), un glossaire conséquent a été intégré.

Q : Comment pourrions définir ce véhicule du futur ?

R : C’est très compliqué car les voies envisagées sont diverses. L’on peut cependant se hasarder à donner un profil type : un véhicule connecté, autonome et doté d’une motorisation plus propre comme plus optimisée. Mais il faudrait aussi évoquer le rôle du conducteur comme de l’environnement proche et lointain, car la voiture va devenir un émetteur/récepteur d’informations en continu qui va ne cesser d’informer, de répondre et de réagir si besoin est en urgence. Et nous pourrions aussi étudier la fabrication elle-même du véhicule qui fera intervenir à terme les nanotechnologies. De même que les processus d’industrialisation vont radicalement changer ces prochaines années pour les constructeurs généralistes avec ce que l’on nomme l’industrie 4.0.

Q : Quel est ce véhicule sur la couverture ?

R : Il s’agit de la Rinspeed Etos. Rinspeed étant un artisan suisse dont la particularité est de créer des véhicules conceptuels déjantés, parfois, et perfectionnés, très souvent. Le modèle de couverture est un vrai condensé technologique auquel je consacre tout un chapitre, et il le mérite amplement. Outre sa motorisation électrique, l’Etos dispose d’un emport pour drone ! Il bénéficie aussi d’un volant entièrement rétractable ou encore d’un système de paiement de stationnement à distance. Dès lors, on comprend aisément pourquoi j’ai tenu, et j’en remercie M. Rinderknecht son directeur, pour faire figurer en couverture un tel bijou technologique, d’autant qu’il en impose esthétiquement car élaboré sur une base d’une BMW i8.

Q : L’ouvrage est scindé en deux parties, pourquoi ?

R : La première est basée sur des éléments exclusifs à la thématique. Tandis que la seconde est relative à plusieurs textes publiés en ligne au cours des dernières années que j’ai pris soin de retravailler en profondeur comme de les réactualiser. Comme le sujet plus global était l’automobile, j’ai souhaité insérer mes réflexions sur par exemple la notion philosophique de risque étouffé par la politique de sécurité routière qui concentre actuellement à son encontre, et à juste titre, de sérieuses critiques. Mais j’ai aussi désiré relater de façon plus exotique le monde automobile brésilien ou russe.

D’ailleurs je me plais à signifier que par exemple pour le chapitre consacré à TVR, celui-ci renvoie directement à la thématique de la première partie puisque ces modèles britanniques constituaient une réponse décalée au tout électronique. En outre, la renaissance de cette marque va introduire un système de fabrication en fibre de carbone très évolué promotionné par le célèbre Gordon Murray : l’automobile du futur ce ne sera pas que de l’électronique, ça sera aussi une nouvelle approche dans la conception de celle-ci.

Je fais aussi mention du financement participatif sur des plates-formes dédiées qui permet à des pilotes peu fortunés de se lancer en compétition ou à des musées automobiles de sauvegarder des pièces de collection en péril.

En définitive, une deuxième partie assez touffue qui s’imbrique thématiquement avec la première.

Q : Pourquoi 3.0 et non pas 2.0 ?

R : Comme je m’en expliquais sur la radio RMC voici quelques semaines, c’est pour bien signifier que l’automobile 1.0, purement mécanique, et l’automobile 2.0, électro-mécanique, appartiennent désormais au passé sauf pour encore quelques modèles de base (sans que cela ne soit péjoratif). L’automobile 3.0 nous en sommes seulement à ses prémices, et elle va nous obliger à réviser notre rapport à elle comme à trancher sur certaines modalités : c’est que je tâche de développer au cours de l’ouvrage.

Q : Aimez-vous conduire ?
R : Oui, et j’estime que cela doit rester un plaisir en dépit des multiples tentatives des autorités pour dégoûter et taxer l’automobiliste qui est une proie bien facile. L’automobile appartient au patrimoine de l’humanité, et ne manquera pas encore de nous surprendre ces prochaines décennies. Et à ce titre, si la voiture autonome arrive en phase de finalisation, cela va radicalement poser souci à ces mêmes autorités qui misent sur la faillibilité humaine pour opérer des ponctions indues.

Remarques de Tomate Joyeuse

Ses interviews

sur RMC :  01/05 - Votre Auto : Commission Royal sur les émissions polluantes : les premiers résultats - 9h-10h

Le  retrouver Yannick Harrel sur :
Twitter : https://twitter.com/CybEstOuest
sur son blog : Cyberstratégie Est-Ouest
pour le contacter  consultant.alslor @ free.fr


A lire sur mon blog : un excellent article : Strasbourg, future ville à la voie sans issue

Vous pouvez relire mes autres interviews sur mon blog sur ce lien.  Bon si vous voulez me suivre, il y a en haut du blog les boutons des réseaux sociaux.  Le plus simple est de vous abonner à la  newsletter pour ne rater aucun article. (Je ne spam pas !)

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